À l’annonce du
verrouillage de Kinshasa (la capitale de la République démocratique du Congo)
en raison de l’augmentation des cas d’infections à coronavirus, une vague de
peur et d’inquiétude a surgi parmi la population de la ville, provoquant un
déplacement massif de la population vers les provinces voisines. Il s'agit de
contextualiser une étude phénoménologique qualitative explorant la
représentation sociale du COVID-19, les motivations influençant le déplacement
de population et les discours des sujets sur les stratégies de soins ou
«artefacts thérapeutiques» proposés par cette population de Kinshasa. L'analyse
de 19 entretiens semi-structurés a mis en évidence la présence de cinq
catégories de représentations du COVID-19: maladie imaginaire, maladie des hommes
d'affaires, invention à des fins démographiques, guerre entre États et
châtiment divin. En outre, quatre types de motivation ont influencé les
mouvements de la population : crise socio-économique, insécurité, interdiction
des églises et, accès facile aux traitements traditionnels. Cette étude montre
enfin que la population fugitive utilise des thérapies traditionnelles
(herboristes et croyances traditionnelles, y compris la prière et la
sorcellerie) pour faire face à cette pandémie. Une amélioration des
connaissances, un renforcement du système communicationnel et des interventions
visant le changement des représentations sociales à l’origine des images
négatives en matière de COVID-19 sont conseillés.